Plus de 600 000 morts en 2022, c’est le chiffre implacable que révèle l’Organisation mondiale de la santé pour les décès dus au paludisme en Afrique. Malgré le progrès des traitements et la mobilisation internationale, cette maladie continue de faucher des vies, surtout dans les pays d’Afrique subsaharienne, où elle reste la première cause de mortalité.
L’histoire sanitaire du continent africain s’est écrite dans la douleur des grandes épidémies mondiales : de la peste noire au VIH/Sida, chaque génération a connu son lot de menaces. Les politiques de santé s’adaptent, la science avance, mais ces fléaux résistent, imposant une vigilance de tous les instants.
Quand les pandémies façonnent l’histoire de l’Afrique
En Afrique, les épidémies ne sont pas de simples épisodes passés : elles ont modelé les sociétés, bouleversé les équilibres, forgé la mémoire collective. Le paludisme, fléau numéro un du continent, touche chaque année des millions de personnes, principalement en Afrique subsaharienne. Les jeunes enfants paient un prix particulièrement lourd, tandis que la bilharziose frappe 200 millions de personnes dans le monde, dont l’immense majorité en Afrique.
La peste, qui a tué près de 50 millions de personnes au Moyen Âge, n’a pas disparu des radars africains. Les antibiotiques ont changé la donne, mais la surveillance permanente reste de mise, surtout dans les régions rurales, loin des hôpitaux. Le virus Ebola, ou encore le Mpox (notamment sous sa forme Clade Ib en République Démocratique du Congo), rappellent que la menace n’a rien d’une histoire ancienne.
Quant au VIH/Sida, il touche près de 24 millions de personnes en Afrique. Les maladies respiratoires et diarrhéiques font encore des ravages chez les plus petits, amplifiées par l’insécurité de l’accès à l’eau et l’insuffisance des infrastructures médicales.
Voici un aperçu des grandes maladies qui continuent de sévir :
- Le paludisme : principale cause de mortalité chez les enfants
- Bilharziose : 85 % des cas mondiaux recensés en Afrique
- SIDA : près de 24 millions de personnes affectées
- Pandémies émergentes : Ebola, Mpox
Face à cette succession d’épidémies, les systèmes de santé publics africains n’ont d’autre choix que de s’adapter sans relâche : prévention, contrôle, innovations. La lutte ne se relâche jamais vraiment.
Pourquoi la peste noire a-t-elle marqué un tournant dans la santé mondiale ?
Au XIVe siècle, la peste noire frappe l’Europe, l’Asie et toute l’Afrique du Nord. Le bacille Yersinia pestis circule via les puces de rongeurs, décimant les populations : 50 millions de morts, dont une part significative en Afrique. Le continent, carrefour des échanges entre Orient et Occident, n’a pas été épargné, loin de l’image d’une épidémie cantonnée à l’Europe occidentale.
La deuxième vague de peste, qui s’étend jusqu’au XVIIIe siècle, bouleverse durablement les sociétés. Les villes se transforment : création de lazarets, quarantaines, contrôle strict des ports. Pour la première fois, les pouvoirs publics organisent une riposte collective. Surveillance, hygiène, limitation des déplacements : autant de mesures qui ont façonné la gestion des épidémies jusqu’à aujourd’hui.
Encore aujourd’hui, la peste bubonique continue de resurgir, notamment en Afrique subsaharienne. Les antibiotiques ont permis de limiter les morts, mais là où l’accès aux soins fait défaut, la vigilance reste nécessaire. Les enseignements du Moyen Âge n’ont rien perdu de leur actualité : traçabilité des contacts, isolement, coopération régionale sont devenus des réflexes.
| Période | Nombre de morts estimé | Régions touchées |
|---|---|---|
| XIVe siècle | 50 millions | Europe, Afrique du Nord, Asie |
La peste a posé les bases de la santé publique moderne : développement des soins collectifs, premières politiques de prévention. Elle reste, aujourd’hui encore, un défi pour certaines régions africaines.
Paludisme, Ebola : des menaces toujours présentes sur le continent
Le paludisme, provoqué par le parasite Plasmodium transmis par le moustique Anophèle, demeure la première cause de mortalité chez les enfants en Afrique. En 2020, 627 000 personnes en sont mortes, dont 96 % sur le continent africain. Les enfants en bas âge et les femmes enceintes sont les plus vulnérables : fièvre, anémie, parfois coma, la maladie ne laisse que rarement la chance de s’en sortir sans séquelle. Les campagnes de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la chimioprévention saisonnière ont ralenti la progression, sans renverser la tendance de fond.
Depuis 2019, des essais du vaccin RTS,S/AS01 sont menés au Ghana, au Malawi et au Kenya sous l’égide de l’OMS, avec le soutien de Gavi, l’Alliance du vaccin. Les résultats sont prometteurs, mais l’accès au vaccin reste très inégal selon les régions. La crise du Covid-19, en bouleversant les circuits logistiques et l’accès aux soins, a accentué la vulnérabilité des zones rurales.
Ebola n’a pas dit son dernier mot. Régulièrement, des flambées secouent l’Ouest et le centre du continent. En République Démocratique du Congo et chez ses voisins, chaque nouvelle alerte rappelle la difficulté de contenir ce virus : fièvre hémorragique, taux de mortalité élevé, nécessité d’isoler les malades. Chaque crise impose un effort logistique et humain colossal, mobilisant surveillance, formation des équipes locales et déploiement de vaccins ciblés.
Mieux comprendre les enjeux sanitaires pour agir face aux épidémies
La faiblesse des systèmes de santé en Afrique subsaharienne favorise la propagation des grandes épidémies. Les décès liés au paludisme touchent d’abord les enfants de moins de cinq ans, exposés à cause de l’accès restreint aux soins et à la prévention. Les maladies diarrhéiques et respiratoires continuent de tuer, souvent par déshydratation ou infection sévère. Les campagnes de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la vaccination, coordonnées par l’OMS et Gavi, progressent mais restent inégales selon les zones et la densité des populations.
La bilharziose, enracinée dans de nombreuses régions rurales, montre à quel point il est complexe d’éradiquer les maladies liées à l’environnement et à l’insalubrité. Des associations comme Riseal ou Médecins sans frontières mènent des actions ciblées pour renforcer la surveillance et former du personnel local. Pour prévenir la prochaine épidémie, il faut un maillage territorial solide, une détection rapide et une gestion adaptée des ressources.
Voici les leviers stratégiques à renforcer pour réduire l’impact des épidémies :
- Développer les capacités de vaccination
- Garantir l’accès à l’eau potable et à l’assainissement
- Former et équiper les personnels de santé locaux
- Identifier rapidement les foyers infectieux
Quand l’Africa CDC déclare une urgence de santé publique, comme lors de l’apparition de nouvelles souches de virus (Clade Ib du Mpox en République Démocratique du Congo), c’est tout un continent qui se mobilise. Anticiper, coordonner, informer : la prochaine épidémie ne préviendra pas. Pour l’Afrique, l’enjeu n’est pas seulement de guérir, mais de rester debout, prête à faire face à la prochaine menace.


