L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail recense chaque année plus de 45 000 maladies professionnelles liées à l’appareil locomoteur en France. Les secteurs du bâtiment, de la santé et de la logistique affichent une fréquence deux à trois fois supérieure à la moyenne nationale.L’accroissement de l’automatisation et du télétravail n’a pas freiné la progression des atteintes physiques liées au travail répétitif ou statique. L’exposition à certains facteurs reste souvent sous-estimée, malgré l’évolution des environnements professionnels et des équipements.
Comprendre les troubles musculo-squelettiques : définition, ampleur et enjeux en France
Les troubles musculo-squelettiques, plus connus sous le sigle TMS, ne se limitent pas à de simples maux de dos ou à des fourmillements occasionnels. Il s’agit d’un ensemble de maladies qui touchent muscles, tendons, articulations et nerfs. Épaules, poignets, coudes, dos… aucune partie du corps n’est vraiment à l’abri. Selon l’Assurance maladie, les TMS regroupent aujourd’hui près de 87 % des maladies professionnelles reconnues dans notre pays. La formule « musculo-squelettiques » traduit ce lien entre nos muscles et le squelette, dont les souffrances engendrent douleurs, perte de mobilité, gêne dans les gestes les plus banals du quotidien.
Chaque année, les chiffres tombent comme un couperet : en 2022, plus de 45 000 cas de maladies professionnelles liées aux TMS ont été reconnus. Impossible de minimiser leur empreinte : pour les salariés, l’équilibre au travail bascule sous le poids de l’absentéisme, la désorganisation et la baisse d’efficacité collective. Et inutile de croire que seuls le BTP, la logistique ou les professions du soin sont concernés. Toutes les activités sont exposées.
L’onde de choc sociale et économique est immense. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie, ces troubles entraînent des millions de journées de travail perdues chaque année. Ils fragilisent la solidité même de notre système de santé. Prévenir ces maladies professionnelles n’est pas une option ; c’est devenu un véritable enjeu de société.
Pour prendre la mesure de la situation, quelques données s’imposent :
- Près de 87 % des maladies professionnelles reconnues en France relèvent des TMS
- Plus de 45 000 cas déclarés rien qu’en 2022
- L’impact touche à la fois la santé individuelle, la vie au travail et la performance collective
Mieux cerner ce que recouvrent les troubles musculosquelettiques TMS, c’est se donner une chance de bâtir des stratégies préventives plus solides et d’adapter les environnements professionnels à la réalité d’aujourd’hui.
Quelles sont les causes majeures et les facteurs de risque des TMS en milieu professionnel ?
Les troubles musculo-squelettiques ne s’imposent jamais par hasard. Une série de facteurs de risque s’entrelacent et s’accumulent au fil du temps. Trois grandes causes dominent : gestes répétés à haute fréquence, positions contraignantes maintenues trop longtemps, et effort physique excessif. Les scènes sont familières : transporter des charges lourdes, rester vissé(e) à son siège ou debout sans bouger, répéter un même mouvement des dizaines de fois par heure. À force, le corps s’use.
Dans certains métiers, cette répétitivité est inhérente à l’activité même : industriels, agents logistiques, soignants. L’inflammation guette, les tendons trinquent. Mais la clé ne se limite pas à cet aspect mécanique. Le contexte du travail influe tout autant : rythme imposé, absence de pauses, contrôle permanent, pression sur les délais, tous ces ingrédients dégradent la santé physique.
L’environnement psychologique compte aussi. Un climat tendu, un manque de reconnaissance, un stress constant… et la tolérance à la douleur s’effrite, ouvrant la voie aux troubles.
Pour clarifier, on distingue trois grands types de risques à surveiller :
- Contraintes physiques : gestes répétés, port de charges, postures maintenues dans la durée
- Organisation du travail : rythme trop intense, pauses rares, autonomie réduite
- Facteurs psychosociaux : tensions, stress, sentiment d’isolement
L’évaluation des risques professionnels ne peut donc ignorer aucune facette du problème. Il s’agit d’adopter une vision globale, qui considère à la fois la dimension physique, l’organisation interne et l’ambiance de travail. Cette exigence concerne chaque acteur de l’entreprise, à tous les niveaux.
Statistiques clés et réalités des TMS : un état des lieux préoccupant
Les troubles musculo-squelettiques représentent désormais la majorité écrasante des maladies professionnelles reconnues. D’année en année, la courbe grimpe, et ce, quel que soit le secteur : industrie, santé, bâtiment, tertiaire, aucun ne s’en sort indemne.
Impossible d’ignorer les chiffres : plus de 45 000 cas recensés annuellement, toujours selon l’Assurance maladie. Les diagnostics qui reviennent sans cesse ? Syndrome du canal carpien, tendinites de l’épaule ou du coude, lombalgies. L’addition est salée : plus d’un milliard d’euros de coût global, près de 10 millions de journées de travail perdues en une seule année. L’impact humain se double d’un fardeau financier considérable.
Pour mesurer l’étendue du phénomène, voici quelques repères :
- Près de 80 % des salariés exposés à des mouvements répétitifs ou à l’immobilité prolongée évoquent des douleurs récurrentes au cours de l’année
- Les femmes figurent parmi les plus touchées, notamment dans la santé et l’agroalimentaire
- L’absentéisme lié aux TMS augmente sans cesse, grevant la productivité et l’organisation interne
La santé publique et la santé au travail font face à une question qui touche autant l’efficacité des entreprises que le bien-être individuel. Ces données forcent les décideurs à revoir leurs pratiques et à investir le terrain de la prévention d’une manière systématique.
Prévention, accompagnement et bonnes pratiques pour limiter l’impact des TMS au travail
Diminuer la fréquence des troubles musculo-squelettiques dans les organisations exige de mettre l’accent sur une vraie prévention, concrète et incarnée sur le terrain. La formation des salariés et des responsables constitue la première ligne de défense. Repérer les gestes à risque, reconnaître les signaux précoces, corriger ses postures : ces savoirs ne sont efficaces que s’ils s’inscrivent dans la durée et s’adaptent à chaque réalité métier.
L’ergonomie du poste de travail n’est plus un accessoire : régler la hauteur d’une table, adapter un outil, varier la répartition des tâches, instaurer des pauses actives, tout cela donne des résultats tangibles. Dans la santé, le bâtiment ou le transport, ces ajustements réduisent significativement la fréquence des TMS. Lorsque les salariés participent à l’évaluation des risques et à l’élaboration des bonnes solutions, les démarches gagnent en impact et en adhésion.
Les méthodes suivantes démontrent leur efficacité au quotidien :
- Observer et analyser finement chaque poste à l’aide de grilles dédiées
- Proposer des sessions de formation régulières sur les gestes et postures
- Organiser des moments d’échange en équipe pour faire circuler conseils et retours d’expérience
L’implication des équipes de santé au travail joue un rôle décisif : leur suivi régulier aide à repérer les premiers signaux, à adapter l’accompagnement et à sécuriser les parcours professionnels. Il ne s’agit pas simplement de respecter des règles, mais d’intégrer la prévention des risques professionnels au cœur de la culture d’entreprise. Privilégier l’innovation, valoriser la compétence collective : c’est ce qui permet de construire une dynamique de progrès solide.
À mesure que les TMS s’immiscent dans notre quotidien professionnel, chaque effort préventif fait une différence. Cette vigilance, concrète et partagée, dessine les contours d’un monde du travail capable d’allier performance et santé durable. À chacun de choisir de quel côté de la courbe il veut se tenir.


